CHRISTIAN FERRAS jouait le Concerto en la de Mozart sous la direction de Schuricht. Plus d'un demi-siècle sépare le chef du soliste, mais l'un conduit avec tant d'ardeur et l'autre interprète avec tant de maîtrise que la différence d'âge s'amenuise jusqu'à l'instant où un même salut confond la fine tête blanche et la jeune huppe noire. Ferras, fin et racé, jolie technique, sonorité angélique, beaucoup de réserve qui fait souhaiter, çà et là, un peu plus d'abandon. Schuricht égal à lui-même, c'est-à-dire merveilleusement équilibré entre l'ardeur et la sagesse.
L'Octuor de la Philharmonique de Berlin nous a offert un concert de choix avec, au programme, trois chefs-d'oeuvre qu'on n'entend jamais : le Quintette avec cor, de Mozart, le Quintette avec clarinette, de Brahms, et l'Octuor, de Schubert. Exécution très satisfaisante.
Au Conservatoire, Knappertsbusch dirige le concert dominical. Beau chef, assurément, mais glacial, académique et ennuyeux, donnant aux choses un tour compassé et aux mouvements une solennité qui accable. Avec une habileté stupéfiante, Pierre Sancan s'adapte à cette manière qui n'est pas la sienne et nous donne un Concerto en ré, de Mozart, assagi, perlé, transparent, d'une perfection clavecinante, Danses, de Respighi, bien mutilées. La jolie suite du Bourgeois gentilhomme, de Strauss, dégèle à la fin M. Knappertsbusch.
Clarendon.
Le Figaro, numéro 3241, 8 février 1955.